Déception au dessus du bureau

Décidément c’est sans fin ou plutôt sans doute la règle en ce monde. Bien trop naïve je crois toujours en la « beauté » de l’Homme et à son intégrité. Pourtant à mon âge il serait temps que je me rende à l’évidence. Pourquoi ne parviens je pas à me faire à l’idée ?

Peut être parce que je voudrais que le monde soit à mon image : pur et parfait bien sur 🙂 !!! ou plutôt si ce n’est à mon image, à celle que je m’en fait, mon idéal du monde et particulièrement celui du travail.

Je suis d’une génération et d’un milieu ou le travail n’est pas luxe mais une nécessité. L’aristocratie chez nous, c’est dans les livres pas une option à valider. Mes lointains ancêtres n’avaient pas le choix que d’être bons et appliqués s’ils voulaient survivre et gagner leur vie. Dans le milieu agricole plus encore qu’ailleurs on lutte contre les éléments qui ont gagné d’avance : les intempéries , les insectes, les maladies et le « coquin de sort » le meilleur des ennemis. Je crois que combattre toujours plus fort que soi pousse à l’humilité et l’exigence, puisque transiger est impossible faisons face et si « on s’aide le ciel nous aidera » dit on par chez moi.

Comme vous l’aurez compris, en famille, on prône la vertu du travail qui plus est bien fait ! On ne se dérobe pas vite et notre coeur est à l’ouvrage sous la pluie comme sous la canicule en juillet.

C’est forcer l’exigence quand on a peu d’alternatives possibles. C’est savoir faire avec, se remettre en question sans cesse et se creuser la tête pour être fins stratèges. C’est un travail de tous les jours, même celui qui doit porter bonheur, parce que la vie « à la ferme » ne s’arrête pas à ce type de détail du calendrier. Tout le monde le sait d’ailleurs « le bonheur est dans le pré » !!!

Alors vous comprendrez que quand j’entends sans cesse les excuses du manque de temps ou de moyens pour expliquer le travail qui s’entasse au fond des bannettes, j’ai envie de hurler. Quand l’incompétence se noie dans un verre d’eau arômatisé à la fainéantise croyez moi, je n’ai plus envie de rire, c’est à pleurer. A chaque jour une nouvelle incurie fait fi de ma motivation et de mon envie de réussir, quand chacun s’éternise à se languir de l’impossible à faire, de l’inimaginable surcharge, du délai trop serré. L’énergie ne sert plus à produire mais à justifier ce que l’on ne peut pas envisager de réaliser. Peu importe, il n’y a pas de prise de risque, à la fin du mois le salaire sera versé.

J’aurais tendance à penser que dans le privé ma foi après tout c’est moins grave, mais en matière publique il s’agit tout de même de nos impôts qu’on engage. ! Mais en poussant la réflexion je m’aperçois que quel que soit le domaine, les « mauvais travailleurs qui ont toujours les mauvais outils » font perdre à chacun d’entre nous plus d’une chance de bien profiter de la vie et de la rendre belle au travail y compris.

Cette forme de pensée est une tare, un vice qui ne fait qu’alourdir la note et la liste de ce qui est mal fait, pas fait, incomplet ou inutile. Du temps perdu en conjectures pour masquer l’incapacité à produire ce qui est demandé. Toutes ces petits grains de sable qui enraillent la machine et font tout capoter.

4 réflexions sur « Déception au dessus du bureau »

  1. Merci pour ce bel article tellement réaliste ! C’est effectivement le problème dans le domaine public, on se noie dans un verre d’eau ! On fait des réunions pour des réunions, etc. En aparté, bien vu le commentaire concernant la machine à café qui pourrait tomber en panne 🙂 Dans les administrations publiques, c’est la cata ! Beaucoup de guichets présents pour peu d’ouverts. Ce n’est malheureusement pas qu’un problème français, j’ai vécu la même chose en Angleterre. Au moins, je n’étais pas dépaysée. A la poste en Angleterre, il y avait dix guichets établis, seulement deux étaient ouverts, sans compter les 5 minutes d’attente entre chaque client. A croire qu’il existe un gène du fonctionnaire. Dans le privé, selon certains emplois, c’est différent, car le temps c’est de l’argent. Et si tu ne fais pas ton job, bah tu n’es pas payé.
    Merci encore pour cet article de bon sens.
    Bonne journée ! Bisous 🙂

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